Cette puanteur, ce visage... Quel cauchemar... Cette goule me regarde. Elle est habillée normalement... Comme une personne normale... Un détail, que j'aurais pû relever... Je prend mon courage à deux mains, ou au moins avec la main qui ne tremble pas: "Euh... Bon...bon...bonjour. Je suis...pas...un anti-goule....vous savez?" Il me regarde toujours, d'un air d'indifférence totale. Ma main libre passe doucement dans mes cheveux, et une goutte de sueur tombe lentement sur ma nuque, déferle jusqu'à ma colonne vertébrale, slalome entre mes vertèbres et dégouline jusqu'à mes pieds, pour être ensuite aspirée par mes chaussettes puantes. Cette goule se fout de moi, c'est sûr. Si je n'avais pas de fierté personnel, j'aurais sans aucun doute lâcher des larmes. "Vous...vous avez des...des...des voitures fi...fiables?" Il me répond par un hochement de tête. J'imagine que c'est un acquiescement. Je m'approche de l'une des voitures, c'est une vieille Ford V8, d'un état magnifique... Tout le contraire de son propriétaire... "Combien...c'est?" Il me montre du doigt la pancarte où il était inscrit: "3000 Caps". "Ben... J'ai pas assez." C'était presque le résultat que j'attendais en fin de compte, je peux partir la conscience quasi-tranquille... Quoique, il me faut encore lui dire aurevoir. "Je...je vous souhaite une bonne journée...monsieur." Il se leva et dit: "C'est madame, imbécile." Ca y est, je ne peux plus, je craque: "Aaah, mais bordel, tu fais chier sale conne!!!!! T'es moche, tu pues et t'es déjà morte physiquement!" Je cours jusqu'à la porte et la claque violemment. Non mais quoi, c'est vrai à la fin, depuis quand on me parle comme ça! Je rentre à l'hôtel, évitant les coins d'ombre où il pourrait se cacher des goules clopinantes.
La chaleur du potage que m'a préparé le maître d'hôtel me redonne de la dignité pour aller me coucher en paix. Scincèrement, cette ville me fait drôlement peur, je la quitte demain, et là, c'est sûr.